Masse d’individus qui occupent une ville sans parvenir à l’habiter, forçats de la solitude qui échouent toujours à se rencontrer : voilà les hommes modernes selon Dostoïevski. Alors que Pétersbourg se vide, le temps d’un été, le héros des Nuits blanches ouvre les yeux sur cette condition. Abandonné par la ville elle-même, il plonge dans la nuit solitaire : dans ce désert se dessine une silhouette féminine. Dès lors, il n’est plus question d’échapper à la solitude mais de la partager : quatre nuits durant ils seront seuls ensembles. Qui compte sur un alter-ego s’expose pourtant aux désillusions et à l’abandon. Le narrateur du Sous-sol ne l’ignore pas : accomplissant l’œuvre libératrice du progrès, « l’homme du sous-sol » a poussé l’émancipation jusqu’à s’affranchir d’autrui. Reclus dans un appartement aux allures de cave, il entame un long dialogue avec lui-même, convoquant ses inaccomplissements et ses défaites passées. Maintenant libéré des entraves de la vie en communauté, il pourra exercer contre lui-même la plus méticuleuse des tyrannies. Deux virulents récits, deux cris du cœur pour dénoncer la clause qui nous lie abusivement à nous-même.
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