Parce qu’elle était sans nouvelles de Gyl, qu’elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s’interroge sur cet homme qui, plut?t que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construite sur les bords du Ba?kal un nouveau monde idéal.? la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu’elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l’attendre sur son canapé rouge, au fond de l’appartement d’où elle ne sort plus guère. Elle br?le sans doute de conna?tre la suite des aventures d’Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, de Marion du Faou?t qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenská qui avait traversé la Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant. Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l’ancienne modiste, une belle complicité s’était tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. ? mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent leur importance . Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas à le rencontrer… Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l’éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l’a entra?née si loin : des raisons de continuer, malgré les amours perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé.
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