Broché: 843 pages Editeur : Gallimard (26 octobre 1999) Collection : NRF Essais Langue : Français ISBN-10: 2070749959 ISBN-13: 978-2070749959 Dimensions du produit: 22,4 x 14 x 4,7 cm
Amazon.fr Ce livre est né du trouble suscité par la coexistence d'une dégradation de la situation économique et sociale d'un nombre croissant de personnes et d'un capitalisme en pleine expansion. Pourquoi la critique du capitalisme, si vive dans les années soixante, se réduit-elle aujourd'hui à des invectives incapables de proposer des voies alternatives ? Les changements du capitalisme sont-ils inéluctables et si bénéfiques ? Pourquoi ce "désarroi idéologique" ? S'inspirant de la problématique de Max Weber, les auteurs montrent que de nouvelles valeurs, inspirant les discours du management, ont rendu tolérable et permis la réussite de ce nouveau capitalisme fondé sur l'initiative des salariés et l'autonomie de leur travail. Ce "nouvel esprit du capitalisme" a en particulier incorporé la "critique artiste" qui s'était épanouie en mai 1968 en revendiquant "une exigence de libération, d'autonomie et d'authenticité" que le capitalisme hiérarchisé et aliénant ne pouvait satisfaire. Cette somme qui brasse avec bonheur les apports des différentes sciences sociales s'adresse à un public averti. En montrant combien à chaque âge du capitalisme celui-ci a besoin d'une idéologie qui légitime ses pratiques, les auteurs en appellent à une relance de la critique pour limiter son expansion démesurée. --Gery Dumoulin
Revue de presse Il est important de commencer par commenter le titre de cet ouvrage qui s'inspire de celui de Max weber avec son Ethique protestante et l'esprit du capitalisme. Dans un monde qui tend à considérer une représentation légitime quand elle est ancrée sur les faits, s'exprimer sur un "esprit du capitalisme", c'est affirmer l'ambition de dépasser les faits. Parler d'un "nouvel esprit du capitalisme", c'est prendre acte de l'importance qu'ont maintenant les cadre (ou encore les managers si l'on préfère utiliser un langage plus courant) par différence avec les "entrepreneurs", figures de "l'ancien esprit du capitalisme". Les représentations de ces acteurs posent problème : comment en obtenir une véritable intelligibilité? Les auteurs se sont appuyés sur les ouvrages de gestion de "quai d'aérogare" de la décennie 60 et de la décennie 90. Cette littérature là peut, à leurs yeux, servir de miroir à cet "esprit du capitalisme". Ils y ont découvert un plaidoyer "participationniste" pour les textes des années 60 et une invitation à des entreprises plus humaines dans les années 90. Mais ils notent aussi la capacité de récupération du capitalisme, en particulier celui de la récupération des critiques. Le parti pris des auteurs est clairement critique et, à ce titre, ils invitent au dépassement de la pensée unique. Comment, à leurs yeux, qualifier un monde baigné dans un discours optimiste quant à l'activité d'entreprise alors que les sociétés où elles agissent voient la condition matérielle des plus défavorisés se détériorer, et ceci du fait même de l'activité de ces entreprises? En d'autres termes, et l'ouvrage rejoint là le courant de réflexion qui porte un regard sur la valeur du travail aujourd'hui, pour quelle espèce travaillons nous? Pour l'espèce humaine ou pour une catégorie qui se développerait indépendamment d'elle même si elle en est le produit, c'est-à-dire celle des entreprises?
Les auteurs examinent l'évolution parallèle d'un capitalisme qui se transforme et le désarmement de la critique qui lui est la crise d'un capitalisme "taylorien" laissant place à un capitalisme "managerial" dont les réalisations concrètes vont celles qui existaient jusque là. La désyndicalisation va d'ailleurs de management dont les syndicalistes appuient eux mêmes les arguments dans la critique des appareilles bureautiques.
Cette idéologie se développe par confrontation des arguments de deux critiques, la sociale et la critique artiste et la récupération d'une partie des arguments de chacune d'elles par l'autre. Les auteurs nous proposent ainsi ces deux concepts de critique artiste s'est peu à peu substituée à une critique sociale après 1968 et quels en ont été les bénefices pour l'entreprise. La critique artiste conduit en effetà un discours dont les éléments sont souvent empruntés au répertoire de la fête et du jeu ce qui permet de réfuter les éléments de la critique sociale et vice versa.
C'est là l'apport essentiel de l'ouvrage qui intéresse le manager dans sa vocation à lui offrir un miroir et des catégories de réflexion qui lui manquent. La partialité de la thèse dominante qui tend à occulter aujourd'hui l'aspect problématique, en termes sociaux et politiques, de l'activité d'entreprise. Et il est rare de trouver une argumentation suffisamment subtile qui permette ce débat. C'est son apport à l'intelligibilité de ce qu'est devenu le capitalisme aujourd'hui qui en fait tout son intérêt. -- Business Digest
L'art de la récupération La situation sociale se dégrade, pourtant le capitalisme triomphe. Partant de ce constat, les auteurs s'interrogent : malgré ses tares, malgré les dégâts humains qu'il engendre, comment le capitalisme peut--il encore apparaître comme le seul système possible, voire souhaitable ? Sans doute grâce à sa capacité d'adaptation, de récupération et de communication. Le capitalisme a besoin de faire partager une idéologie, un " esprit " pour obtenir l'adhésion des personnels nécessaires à la production et à la marche des affaires. " Pour être mobilisateur ", précisent même les auteurs, cet esprit doit " incorporer une dimension morale. " Alors qu'il subissait une crise croissante d'adhésion à la fin des années 60, le capitalisme a su rebondir en récupérant une partie des thèmes de la contestation de Mai 68. En étudiant les discours du management des années 90, Luc Boltanski et Eve Chapiello montrent notamment comment ceux-ci ont intégré les thèmes de l'autonomie, de la créativité, du rejet de la hiérarchie, du refus de la planification, ou font l'éloge des petites structures en réseau... Résultat, la critique " artiste ", qui dénonçait l'alliance du capitalisme et de la bureaucratie, est muselée. Et la critique " sociale ", figée sur de vieux schémas de production hiérarchisée, devient inopérante. Malgré l'épaisseur du volume, le propos est passionnant. Et chacun peut y puiser quelques éléments de réflexion pour se réapproprier son existence. --Delphine Sauzay-- -- L'Entreprise
L'ouvrage de Luc Boltanski et Eve Chiapello part d'un constat simple: alors que la situation sociale des salariés s'est considérablement dégradée depuis une vingtaine d'années, le capitalisme ne s'est jamais aussi bien porté. Les profits des entreprises et les indices bousiers s'envolent, tandis que la critique semble désarmée.
Cette régénérescence du capitalisme, nos auteurs croient la trouver dans le développement d'un nouvel esprit du capitalisme dont ils reconstituent la généalogie à travers l'évolution du contenu des textes de management dans les trente dernières années. La force de l'entreprise dans les années 1960 prend appui sur la solidité de l'encadrement, une direction par objectifs et l'organisation fordiste du travail qui repose sur le respect du principe hiérarchique. En contrepartie, les salariés bénéficient d'une augmentation régulière de leur rémunération et de la sécurité de l'emploi.
L'entreprise d'aujourd'hui est, au contraire, caractérisée par le rejet de la hiérarchie et la promotion des valeurs d'autonomie, de mobilité et de créativité. La figure du cadre est remplacée par celle du manager, du " coach ", dont les qualités sont la créativité, I'intuition visionnaire, I'attrait pour les contacts inforrnels, la capacité à animer des équipes et à catalyser !es énergies.
Table des matières L'EMERGENCE D'UNE NOUVELLE CONFIGURATION IDEOLOGIQUE Le discours de management des années 90 La formation de la cité par projets LES TRANSFORMATIONS DU CAPITALISME ET LE DESARMEMENT DE LA CRITIQUE 1968, crise et renouveau du capitalisme La déconstruction du monde de travail L'affaiblissement des défenses du monde du travail LE NOUVEL ESPRIT DU CAPITALISME ET LES NOUVELLES FORMES DE LA CRITIQUE Le renouveau de la critique sociale A l'épreuve de la critique artiste
Meilleurs commentaires des clients Mlle Marwette 5,0 sur 5 étoilesTrès bon livre 25 juillet 2017 Format: Broché|Achat vérifié Luc Boltanski a la réputation d'un bon chercheur. Son approche en sciences sociales invite les chercheurs à descendre de leur piedestale et à donner une valeur d'interpretations scientifiques à la parole des acteurs sociaux. Cet ouvrage s'intéresse cependant à d'autres questions, notamment à la transformation du discours du capitalisme; une transformation qui lui a permis de s'adapter à sa critique et à dépasser ses crises. Un ouvrage à lire. Une personne a trouvé cela utile
Deblire 4,0 sur 5 étoilesDéroutant 11 avril 2015 Format: Broché|Achat vérifié De prime abord, ce livre est complexe et demande au cerveau d'être très actif mais passé le prologue, il devient très accessible. Il remet en question toute notre culture et toutes les injustices que nous ne critiquons pas suffisamment. Il m'a vraiment ouvert les yeux... Une personne a trouvé cela utile
Alain 5,0 sur 5 étoilesLivre reçu 9 février 2017 Format: Broché|Achat vérifié Bonne réception d'un document en tout point conforme à ce à quoi j'aspirais. Bonheur en 800 pages. Que demande le peuple ? La fin du capital !
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